BRUNCH PRESS à l’occasion du projet MANONGA

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Le jeudi 29 octobre 2020, l’ONG CID a présenté aux professionnels de l’information les résultats préliminaires des activités de monitoring qu’elle a réalisées dans le cadre du projet « Manonga ». Ce fut également une occasion pour faire des échanges sur les vécus et les expériences durant la période de crise sanitaire, notamment durant le confinement. 4 entreprises de presse ont répondu présentes à l’invitation du CID pour un petit déjeuner de presse, à savoir les quotidiens La Vérité et La Gazette de la Grande Ile ainsi que la Radio RDJ et la Radio nationale. Lors de sa présentation, la Coordinatrice du projet Manonga, Mirana Razafindrazaka a fait savoir que durant les mois de mars à août 2020, la restitution quotidienne du bilan de la propagation du coronavirus était la principale information sur la gestion de crise sanitaire diffusée par les journalistes. Il a été constaté qu’il n’y a pas eu beaucoup d’articles d’analyse durant cette période. La plupart des journaux étant favorables au pouvoir en place, cela a donné beaucoup de visibilité aux dirigeants. Concernant les informations virtuelles, les citoyens obtenaient plus d’informations à travers les réseaux sociaux, notamment Facebook. Le souci est que ces informations ont été partagées par de simples internautes et non par des journalistes, ce qui signifie qu’elles n’ont pas été nécessairement recoupées ou vérifiées. Les activités effectuées durant ces trois premiers mois d’analyse ont permis d’identifier que 28% des quelque 500 publications Facebook analysées ont parlé de foyers de tension, 35% traitaient de la gestion de la crise sanitaire, 10% étaient sur l’administration publique, entre autres au sujet de la demande de transparence sur la gestion des fonds alloués à la lutte contre le Covid-19. Selon les explications de la journaliste de La Vérité, concernant le manque de source et d’analyse, le fait est que le Pr Hanta Marie Danielle Vololontiana, Porte-Parole du Centre de commandement opérationnel de lutte contre le Covid-19 a été la seule source officielle pour tout ce qui est information sur le Covid-19. De plus, les mesures sanitaires n’ont pas permis aux professionnels de l’information de collecter et recouper des informations sur le terrain. En conséquence, les informations et les sources n’ont pas été diversifiées. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les médias ont été réquisitionnés durant la crise sanitaire, et il y a eu aussi la mise en garde par rapport à la cybercriminalité. Du coup, les citoyens n’ont pas osé donner des informations. Certains groupes de discussion ont changé de nom ou de statut, il y en a même ceux qui ont été supprimés (ex : Fanaovan-gazety sy ny tontolony). Selon les témoignages des journalistes, l’accès aux sources étaient un gros problème. Même si les journalistes avaient des informations complémentaires sur un sujet, la plupart d’entre eux redoutaient les interpellations de la part des patrons de presse ou du ministère de tutelle. Un des journalistes a évoqué les faits lors du premier décès lié au covid. Il a fait des recoupements auprès d’autres sources, autres que les officielles, mais il n’a pas eu le droit de tout publier. Même chose lors du premier cas positif identifié. Du coup, les journalistes ne savaient plus quoi publier. Pour le cas de La Vérité, le journal est pro régime, et les articles doivent se conformer donc à la ligne éditoriale basée sur cette tendance. Les journalistes, s’ils souhaitent publier sur la distribution d’aides par exemple, ils doivent le faire de manière positive. Durant la période de crise sanitaire, l’entreprise a connu une chute au niveau de la vente : « On est parti de 60% à 25% ». Comme il s’agit d’une entreprise, il faut qu’elle arrive à tourner. On essaie d’arranger les choses en ce moment, on va miser sur les informations de proximité. Pour le cas de La Gazette de la Grande Ile, ils ont quand même publié des articles d’analyse. Le journal publie des informations données par des sources officieuses si les faits et les évènements ont vraiment eu lieu. Il arrive aux journalistes de La Gazette de la Grande Ile d’approcher des sources officielles tout en respectant l’anonymat de ces personnes dans les publications. Les revues de presse quotidiennes du projet MANONGA ont contribué à pallier au problème de sources d’informations et de manque de sujet, en ce sens que les informations qui y ont été contenues pouvaient être citées ou faire l’objet de sujet d’article.Pour les journalistes de la presse écrite, Facebook est une source d’inspiration, un système d’alerte. D’ailleurs, il est conseillé par les rédacteurs en chef et les directeurs de publication d’être toujours connectés pour voir l’évolution des interactions. Lors du brunch de presse, un des journalistes a fait part du fait qu’il ne se sentait pas en sécurité durant la période de crise sanitaire. Les responsables envoyaient des journalistes sur terrain pour avoir plus de détails sur un fait ou un évènement ; alors qu’ils ne sont même pas équipés de kits sanitaires (gel hydroalcoolique, gants, etc.). En outre, les journalistes ont demandé aux membres du CID s’ils peuvent faire des pré-rapports ou émettre des propositions d’articles ou aussi des angles de traitement pour des sujets d’intérêt public afin d’aider davantage les journalistes.